JOHN GLEN... ![]() |
Petits Mots:![]() JOHN GLEN : Nous sommes restés très fidèles au personnage tel que l'envisageait Ian Fleming. C'est un point auquel nous attachons une très grande importance. Cela dit, Octopussy possède un scénario essentiellement nouveau, qui repose sur une réalité d'aujourd'hui. On y trouve, par exemple, des références au mouvement pacifiste. Quant à la contrebande de trésors nationaux en Union soviétique par l'intermédiaire d'un cirque, c'est une chose qui s'est réellement produite aux environs des années 1980. Question : Comment définiriez-vous James Bond ? JOHN GLEN : Je doit donner l'illusion d'être vrai. Tout ce qu'il fait doit être humainement possible. Question : Des 13 films de James Bond, quel est celui que vous préférez ? JOHN GLEN : J'aime beaucoup Bons baisers de Russie, Goldfinger, et L'espion qui m'aimait, qui est peut-être mon préféré. Je ne juge évidemment pas les deux films que j'ai réalisés ! Question : Même question pour les quatre interprètes du rôle principal, en incluant David Niven... JOHN GLEN : A l'évidence, je suis davantage lié à Roger Moore. Nous avons tourné huit ou neuf fois ensemble, parmi lesquels plusieurs Bond. Roger est peut-être la dernière superstar de cinéma. Il est très différent de Sean Connery. Connery incarnait un tueur implacable, un homme sans pitié. Roger ne se montre pas sous un jour aussi dur, ce qui lui a valu d'être critiqué à ses débuts dans le rôle. Mais, maintenant, il a pris possession du personnage. L'humour qu'il apporte à son interprétation fait plus que compenser son manque d'instinct meurtrier. Question : Apparemment, le nouveau Bond avec Sean Connery ( Jamais plus jamais) possède également beaucoup d'humour. Vous y voyez une influence de l'interprétation de Roger Moore ? JOHN GLEN : Oui, probablement. Leur film sort après le nôtre. Ils ont donc vraisemblablement eu l'occasion de voir Octopussy avant de finir leur montage. Question : Sean Connery a longtemps personnifié Bond aux yeux du public... Roger Moore a-t-il vraiment réussi la même performance ? JOHN GLEN : Oui, je pense que, aux yeux des jeunes, Roger Moore est Bond. Les gens plus âgés se remémorent Sean Connery avec un certain plaisir, parce que cela fait partie de leur propre histoire. Mais il s'agit de moments du passé qu'il est impossible de revivre quinze ans plus tard... Question : Roger Moore a déclaré à qui voulait l'entendre qu'il ne jouerait plus James Bond. Vous le croyez également ? JOHN GLEN : [Riresl Roger Moore a dit cela à propos des deux ou trois derniers films. Toute cette hostoire n'est rien d'autre d'une partie de pocker. En déclarant qu'il abandonne, il cherche simplement à faire monter les enchères, à obtenir un salaire plus élevé de la part des producteurs. Selon moi, on le reverra dans le prochain film. Question : Dans les Bond précédents, Russes et Américains avaient été soit ennemis, soit alliés face à un adversaire commun. Dans Octopussy, la notion de désaccord chez les dirigeants soviétiques apparaît pour la première fois. Pourquoi ? JOHN GLEN : Je crois que c'est un fait établi. L'histoire du Boeing coréen constitue Un parfait exemple . Que s'est-il réellement passé ? Est-ce qu'une tête brûlée du Kremlin n'aurait pas donné l'ordre du tirer ? Y a-t-il eu une confrontation entre Andropov et certains de ces généraux ? Quelle a été la faille . Mais il y a sans aucun doute, au Kremlin, des extrémistes qui veulent user de la force le plus souvent possible d'autres qui préfèrent une stratégie pacifiste. C'est ce que nous montrons dans notre film. Question : Les films de Bond sont-ils visibles en URSS ? JOHN GLEN : J'ai entendu dire qu'ils étaient projetés à des séances privées. Ils ne sont pas vendus officiellement à l'U.R.S.S., mais il est bien évident que le Kremlin n'a aucun problème pour se procurer une copie s'il le désire! Question : Octopussy aborde également la question des armements nucléaires en Europe au moment où le déploiement des missiles Pershing est encore en discussion à Genève. Cela a-t-il été fait volontairement ? JOHN GLEN : Oui. Soyons réalistes: les Européens sont dans la même situation qu'un morceau de viande dans un sandwich ! Tout ce que nous avons fait dans notre film, c'est illustrer cet état de fait en montrant les deux côtés de la chose et sans prendre parti. J'estime que c'est un problème très important qui nous concerne tous. Il est donc normal de l'aborder au cinéma. Question : D'une certaine manière, les films de Bond ne sont-ils pas le meilleur reflet de l'évolution des relations Est-Ouest depuis vingt ans ? JOHN GLEN : Absolument. Dans la mesure où les scénarios s'inspirent toujours de faits récents, ils traduisent le climat politique d'une certaine époque. Question : Les scènes d'action, les considérez-vous plus importantes que le scénario ou la distribution ? JOHN GLEN : il est vrai que sans elles, la série ne survivrait pas. Elles occupent une place très élevée dans le registre de nos priorités. Il faut cependant qu'elles soient intégrées à l'histoire, ce qui rend les ingrédients difficiles à séparer. Un autre élément fondamental est le choix des lieux de l'action. Nous avons instauré une sorte de règle d'alternance entre pays chauds et pays froids, de manière à satisfaire le public du monde entier: les Européens demandent à voir l'Inde, etc., alors que les spectateurs d'Extrême-Orient, qui représentent un énorme marché, se délectent en voyant la Suisse, la France ou Londres . Pour cette raison, nous veillons à bien répartir nos lieux de tournage. Question : La séquence pré-générique fait elle référence à un pays précis ? JOHN GLEN :Non. Nous l'avons volontairement située dans un pays imaginaire d'Amérique du Sud. Il était impossible d'être plus précis, parce que, au début du tournage, la guerre des Malouines a éclaté. Il ne fallait surtout pas qu'on croit qu'il s'agissait de l'Argentine Pour éviter toute confusion, nous avons revêtu les acteurs de casquettes de type cubain. Mais il nous est malgré tout arrivé une histoire assez drôle à ce sujet. Pour le tournage de certaines scènes, nous nous sommes rendus à l'aérodrome militaire de Northholt, près des studios de Pinewood. Pour les besoins du film nous l'avons un peu transforme en ajoutant notamment des palmiers. Et des gens qui habitaient à proximité ont cru que nous construisions un camp de prisonniers de guerre argen-tins ! D'après eux, les palmiers devaient servir à ce que nos "hôtes" ne se sentent -pas trop dépaysé. Question : Selon quels principes construisez-vous les scénes d'action ? JOHN GLEN : Ce que j'aime, c'est ajouter un élément imprévu, un " plus " à ce genre de scène. Par exemple, quand Bond se laisse glisser sur la rampe d'escalier du palais indien en mitraillant ses adversaires... C'est une chose amusante que font tous les enfants. Mais il faut y ajouter un élément de surprise : dans ce cas, il s'agit de la sculpture à l'extrémité de la rampe qui risque de le châtrer ! Question : Roger Moore participe-t-il à l'écriture ou à la réalisation de ces films ? JOHN GLEN : Il ne participe pas à l'élaboration du scénario. Mais il lui arrive, pendant le tournage, de proposer certaines modifications. Nous en discutons, et je lui laisse également une certaine marge de liberté. Il contribue beaucoup aux films sur le plan de l'humour. C'est lui qui a eu l'idée de dire " assis " au tigre qui surgit devant lui. Quand nous avons tourné la scène du train, où il est déguisé en gorille, il a soudain regardé sa montre et a dit : " La bombe explose à 3 h 15 ! " Pour lui, c'était une simple plaisanterie qui ne devait pas apparaître dans le film. Mais j'ai quand même conservé cette scène au montage final ! Question : Allez-vous réaliser le prochain Bond, From a View to à Kill ? JOHN GLEN : Oui. Ce sera à nouveau tiré d'une nouvelle de lan Fleming, dont l'action se déroule en France, à l'époque où ce pays faisait encore partie de l'O.T.A.N. Certaines scènes se dérouleront au Q.G. de l'O.T.A.N., d'autres au Fouquet's, etc. Question : Octopussy, en revanche, n'a aucun rapport avec l'oeuvre originale... JOHN GLEN : Non, mais ce n'était pas non plus l'une des meilleures nouvelles de Fleming. En revanche, le titre est excellent... Il passe très bien sur le plan international. Il n'y a qu'en Amérique où nous ayons eu des problèmes à cause des connotations du mot pussy. Beaucoup de gens étaient farouchement opposés à ce titre, à commencer par Roger Moore, qui le jugeait nuisible pour son image. M.G.M. a également fait pression sur nous pour que nous le changions. Mais nous avons refusé. Je crois que nous avons eu raison ; en fait, aux Etats-Unis, Octopussy a rapporté plus d'argent qu'aucun des films précédents ! Question : Quand les titres des romans et nouvelles de Fleming seront épuisés, que ferez-vous ? JOHN GLEN :: Nous recommencerons probablement au début, en tournant des remakes de Dr No, Bons baisers de Russie, etc., que nous réactualiserons. John Gardner a écrit une série de nouveaux romans de James bond, où le personnage est plus vieux, plus mûr. Mais nous préférons conserver le Bond original, sans modifier son âge ni sa forme physique. Question : Dans quels pays les films de Bond marchent-ils le mieux ? JOHN GLEN : je crois que le Japon vient en tête, suivi de la France, de l'Allemagne, de l'Europe en général, puis de l'Extrême-Orient. En terme de pourcentage de la population, les Philippines, Hong-Kong et les Pays-Bas sont les mieux placés. Aux Etats-Unis, nous avons d'excellents résultats. Mais les Américains. considèrent les Bond comme des films étrangers, ce qui joue un peu en leur défaveur. Question : En moyenne, combien un Bond rapporte-t-il dans le monde entier ? JOHN GLEN : Cela se situe aux environs de 120 millions de dollars pour la première sortie du film. Ce n'est qu'au-delà de 100 millions de dollars de recettes qu'un" bénéfice commence à se dégager. Question : Réaliser un Bond, vous trouvez cela drôle ? JOHN GLEN : Oui. Personnellement, je suis un metteur en scène très décontracté. Je me fais beaucoup de soucis pendant l'écriture du scénario et la préparation du film. L'idée d'échouer me terrifie. Mais pendant le tournage, je me détends. | ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |